Valse hésitation avec les ballons CHARVET/DCA, pilotés par Pierre Wac et Daniel Crozier. Cela se passe sur un terrain que nous avons connu l’an dernier mais là, le sol est presque sec, praticable en 4x4 et voitures. La météo est si facile qu’on l’ignore. Ni gros temps, ni grand temps, petit temps de fortune avec petits nuages et petit vent. Entre 15 h et 16 h, tous les présents s’envolent. Le temps s’éclaircit. La lumière épanouit les envols et les survols. Tout le monde n’est pas arrivé, mais tant pis pour les retardataires.
En grappes colorées, cherchant les lièvres, les montgolfières vont grosso modo dans la même direction à des hauteurs variables. Devant soi, des monts peu élevés, des massifs boisés parsemés de grands prés et bientôt des villages disposés sur des collines et des petits fermes mixtes d’élevage et de cultures. Laissant Jean-Alain Martin à la Direction des Envols, qui se sont étalés tranquillement en cours de cette première après-midi, je suis en ballon avec le pilote hongrois Andras Koves et son stagiaire Tibor qui doit être avocat. Ils sont de Budapest et me racontent q’il y a une centaine de ballons en Hongrie. Le matériel est à peu près celui de nos débuts en France. Ils me demandent si c’est mon premier vol. Pas tout à fait, mais avec eux, oui. Leur expérience du pilotage est très sommaire et, après avoir évité une clôture, une pâture garnie et un clocher d’église, nous atterrissons dans un champ fraîchement semé. L’approche du paysan, c’est ma spécialité. A deux lieues du champ, je le trouve. Il a la trogne, l’œil allumé et les cheveux au vent. Il me toise sur le fauteuil de son tracteur. Au début, je crois qu’il se marre ! Non, il me passe un savon pour toutes les génisses courant, éperdues, n’importe où au bruit des brûleurs jusqu’au risque de se perdre sur la route goudronnée. J’encaisse. «Si c’est pas honteux de prendre des loisirs ! Est-ce que j’en prends, moi ?». Voilà le point faible ...et un quart d’heure après, on boit le rhum de Hongrie avec lui sur son blé d’hiver et on se tape sur le ventre en rigolant. Un peu d’humanité, quel diantre, et si on peut s’entendre, c’est pas plus mal.
François Sardou, casaque rouge, remporte un des lièvres, Alain Aubry, l’autre. Beaux vols, gentils lièvres, admirables pilotes, toujours prêts à jour à se montrer les meilleurs. Cabotins, cabotinage, cabot, cabota, les bons vols que voilà.

Sautant sur leurs chevaux du ciel, quelques instants plus tard, toujours dans les gorges bénies, les chevaux hennissent, cherchant pour la sortie de l’écurie les hauteurs et les galops effrénés. Mais, en attendant de foncer dans les plaines, ils s’enroulent agilement sur les sentiers , sur les arbustes, sur le petit courant de Loire, sur les petites roches à fleur de terre, sur les parois ocres et puis, au dernier moment, ils éperonnent leur monture et hop... A ce jeu, Stéphane Bolze démontre qu’il est le plus fou, passe à fleur de château et marque en tête à 6,30 m sur la cible. Copieurs, s’abstenir. La Fayette est au rendez-vous, puis les petits nouveaux, Laurent Fano et les Jault, Landrieu, Seiz, Faure, Ramond et les caciques, les Michel (Fauchon et Gouinguené) et le maillot jaune, Alain Aubry. Dernier sur le Château , Tomi le hongrois. Bravo Andras et Tibor.
On pensait cette matinée éperdue, envolée et perdue, mais voilà que les ballonneux prennent de la hauteur et partent, à plein galop, vers le fonds du Puy. Adieu prudence, place aux vacances, ça flirte un peu vers Solignac-sur-Loire et Cusac. Taulhac, le Val vert, le Puy. La Fayette enroule de ses bras insolents la Vierge, puis renonce à ses appâts. Direction Polignac et la Loire pour atterrir enfin après un vol unique. Seul Arnaud Deramecourt a déjà rejoint les hauts courants pour atterrir près de St-Etienne, chez Serge Zuin. Un arbre au sol lui a tendu malencontreusement le bras, mais tout va bien. Pendant ce temps-là, Jeannine Mairot a vu Tout Rouge et marque, à point nommé, ce vieux Renard de Sardou.