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ACTE I - LE VOL |
Dans notre beau pays de France, le 11 novembre
permet de conserver, vivace, le souvenir de tous ceux qui, voici près
d’un siècle, firent le sacrifice de leur vie, afin que l’on demeure
libres.
Chaque année, ce jour-là, vers 11 heures, dans chacune des communes,
retentit le clairon qui commémore la disparition de tous ceux qui
tombèrent au champ d’honneur, pendant plus de quatre ans, de 1914
à 1918, et lors des autres guerres qui suivirent.
Nous avions prévu, selon une modeste habitude, de participer à notre
façon, à cette triste, mais utile, cérémonie du souvenir, en nous
élevant dans l’espace, à faible hauteur il est vrai, au-dessus du
vignoble savoyard, particulièrement attrayant à cette époque de l’année.
Il est vrai aussi que, cet automne, tout spécialement, les aéronautes,
qu’ils soient de Savoie, de France, de Navarre, ou d’ailleurs, n’ont
guère été favorisés pour la pratique de leur sport favori !
Une belle journée a été annoncée par toutes les météos de ces pays,
y compris par notre Météo Nationale qui n’avait pas encore lancé son
mouvement de grève (probablement motivé par des conditions trop défavorables,
qui perdurent…). Mais, ceci fait l’objet d’autres écrits que nous
n’avons ni la compétence de critiquer, ni l’audace de nous en inspirer.
Laissons cela à ceux dont “c’est la tasse de thé”. Et revenons-en
aux faits ! Uniquement ! ! !
Les services locaux de la Météorologie Nationale nous ont confirmé,
la veille, lors d’une visite à l’important aéroport “Chambéry - Aix-les-Bains”
que les conditions seraient excellentes le lendemain pour le vol que
nous envisagions au-dessus de la Combe de Savoie avec, toutefois,
la certitude de brouillards matinaux qui cloueraient au sol, d’une
façon implacable, tout aérostat quel qu’il soit, qui aurait eu l’audace
de troubler la quiétude d’une délicieuse matinée d’automne.
Aussi, le rendez-vous ne fut-il confirmé aux heureux Pax pressentis
que pour neuf heures locales seulement ; LAS !
Le lendemain, lorsque le pilote fit son premier tour d’horizon de
la journée (à 5 h 45) sur le balcon de son domicile chambérien, il
découvrit un ciel sans aucun nuage, et la Savoie sous son jour le
plus agréable. Pas de brouillard ! Du moins, pour l’instant… Mais,
il allait arriver, probablement avec sa Majesté le SOLEIL, dont il
a pour mission première de faire admirer le faste et l’éclat. Le rendez-vous
qui avait été fixé à neuf heures (précises) doit donc être maintenu.
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A huit heures, je confirme, par téléphone,
à mes passagers que les conditions sont favorables au vol prévu et
confirme les consignes données la veille, relatives notamment à la
nécessité d’être ponctuels, au détail de l’habillement à prévoir,
etc. Deux des candidats à ces vols d’initiation sont inconnus de moi
; il s’agit d’une maman qui accompagne son fils âgé de 14 ans, qui
a été classé premier du jeu-concours organisé par notre grand quotidien
“Le Dauphiné Libéré”, à l’occasion de la conférence donnée récemment
à Chambéry, par notre ami Bertrand PICCARD, et relative à la
magnifique première rotation autour du globe, qu’il a réalisée il
y a quelques mois avec son équipier Brian JONES sur le Breitling
Orbiter III. Mon troisième passager est un ami de très longue date,
à qui j’ai promis de faire vivre un vol en montgolfière dont il se
souviendrait longtemps. (Et ce sera le cas, n’est-ce pas Rémi ?).
Encore fallait-il patienter… vingt ans ! C’est ce qu’il fit également.
Après leur avoir téléphoné, je passe par le lieu de décollage prévu.
La manche à air est collée au mât et… il n’y a pas de brouillard du
tout dans le secteur. CAVOK (grand beau temps dans le langage des
gens de l’air). Je file récupérer le matériel à notre siège social
avant de revenir sur le site, pour commencer les préparatifs. A neuf
heures tapantes, les cinq personnes concernées par le vol, sont présentes
pour les dernières consignes. Le matériel est préparé, sans précipitation.
Et, “la biroute” commence à s’agiter un peu ! Le vent aurait-il quelque
intention velléitaire ? Sans accélération excessive, nous gonflons
l’enveloppe de la montgolfière. A dix heures, nous sommes en vol,
et toujours pas de brouillard ! Mais, déjà du vent ! Du sud, ce qui
n’est pas la meilleure provenance qui soit pour nous… Aucun risque
de brouillard ! La météo se serait-elle trompée ?
Une analyse (fine) des conditions de vol et notre accoutumance aux
activités aéronautiques dans cette partie de Savoie, nous permettent
d’affirmer alors qu’il faudra être au sol, au plus tard, à 11 heures
(locales), afin d’éviter toute “déconvenue ultérieure” selon un langage
pudique, mais suffisamment catégorique. (Au passage, je vous demande
de ne pas perdre de vue la qualité du style littéraire de l’auteur
de ces lignes ; tandis que lui-même ne perd pas de vue, non plus,
le paysage environnant où il va choisir sa zone d’atterrissage).
Juste avant que le clairon ne retentisse, nous nous présentâmes perpendiculairement
à une autoroute qui, allez savoir pourquoi, est venue augmenter les
nuisances nombreuses et variées, dont certains osent prétendre que
l’aérostation et les autres sports aériens font partie intégrante.
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