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Au gré des livres | ![]() |
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"Même qu'ils se prenaient au sérieux, c'est-à-dire au tragique, la tête façon montgolfière". Ce commentaire peut faire sens dans maintes situations. Extraite d'un article du quotidien Le Monde, (7 mars 2000, page 38), concernant les péripéties des Guignols de Canal Plus, cette assertion est magique. Comme sont magiques les travaux de l'artiste plasticien Panamarenko (né en 1940) lequel travaille sur les quatre éléments de la mouvance. De 1969 à 1971, il se consacra à construire un ballon dirigeable conçu sur le modèle d'un Zeppelin. Son Aeromodeller, gonflé avec de l'hydrogène, fut interdit de vol par les autorités. Regonflé avec de l'air, il participa à de nombreuses expositions. Comme l'explique Michel Baudson, Panamarenko (Paris, Flammarion, 1999): " L'engin est de taille : l'enveloppe en plastique PVC transparent est d'une contenance de 650 m3 et mesure, après avoir été gonflé, 27,5 m de long sur 6 m de diamètre. Elle est reliée par cinquante-deux points de fixation à la nacelle en rotin, longue de 6 m, large de 3 m, haute de 2 m, de couleur gris argent […] Ainsi que le rappelle, non sans ironie, Panamarenko, " ce ballon est allé partout, il a parcouru environ les mêmes distances que le Graf Zeppelin. Il était à Berlin, en Suisse, à Paris, au Portugal "…sans oublier Gand ou Hanovre " . L'ouvrage est illustré de photomontages imaginaires montrant l'envol du dirigeable ; certains d'entre-vous ont peut-être observé l'Aeromodeller au Centre Pompidou/Beaubourg en 1981. Reste que l'espoir de se propulser hors d'un territoire déterminé et fini demeure l'impossible assouvissement de chacun. Ainsi, les deux héros de la bande dessinée de Alain Saint-Ogan, Zig et Puce Millionnaires (Paris, Hachette, 1931, 40 pages) voudraient eux aussi s'envoler : "Voilà le dirigeable de mon oncle. Faisons-lui des signaux. Il va descendre et nous emmener en Amérique ". Malheureusement la nacelle, comme pour Panamarenko, les laissera au sol. L'Amérique fut longtemps une destination mythique, sublimée. Pour certains. De tout temps. Déjà, sous la Révolution française, un écrivain polémiste, Noël Aubin (Tours, 1754-1835), écrivit, sous le pseudonyme de Desfougerais, Gilles Aéronaute ou l'Amérique n'est pas loin, comédie parade en un acte, mêlé de vaudevilles (Blois, Logerot éditeur, an VII). Cette pièce de théâtre jouée à Paris se moque du vol du 26 juillet 1799 de l'astronome Delalande et de l'aéronaute Blanchard. Annoncé comme un vol scientifique, au cours duquel de nombreuses expériences seraient réalisées sur une longue distance à l'orientation contrôlée, il se terminera piteusement aux portes de Paris dans le parc de Saint-Cloud. Blanchard avait été souvent raillé pour ses essais et tentatives de contrôle de direction des ballons. Des satires telles que " Au champ de Mars, il s'envola, / Au champ voisin, il resta là… " n'épargnèrent pas l'aéronaute. |
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A suivre ... Marie-Dominique Oudin |
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